Je me souviens encore du jour où j’ai ouvert mon fond de teint préféré pour découvrir qu’il avait tourné. Une espèce de liquide orangé qui sentait le vieux crayon. Au lieu de courir en racheter un, j’ai souri. Comme un signe. Ces derniers temps, je remarque autour de moi ce même petit sourire de libération sur le visage des femmes. À la boulangerie, au marché, dans le métro. Des visages nus, avec leurs cernes, leurs taches de rousseur, leurs petites imperfections qui racontent des histoires. On dirait qu’un souffle de liberté traverse nos salles de bain, laissant derrière lui les pinceaux et les palettes couleur caramel.

Ce n’est pas du laisser-aller, non. C’est plus profond que ça. Une amie me confiait hier : « Quand je me maquille maintenant, j’ai l’impression de mettre un masque. Et pas seulement au sens figuré. » Le phénomène est là, palpable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors qu’elles étaient 40% à se maquiller quotidiennement il y a trois ans, elles ne sont plus que 20% aujourd’hui. Une chute vertigineuse qui fait trembler l’industrie cosmétique mais qui, surtout, nous interroge sur notre rapport à nous-mêmes.

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Le grand désapprentissage : comment le naturel a retrouvé ses lettres de noblesse

Il y a quelques années encore, sortir sans maquillage relevait presque de l’acte militant. Aujourd’hui, c’est devenu une norme sociale en construction. Je pense souvent à cette présentatrice australienne, Tracey Spicer, qui en 2014 s’était démaquillée en direct lors d’une conférence. À l’époque, c’était perçu comme un coup d’éclat. Aujourd’hui, cela ressemblerait presque à une évidence.

La pandémie a agi comme un accélérateur de prise de conscience. Confinées, masquées, nous avons redécouvert nos visages. Et quelque chose s’est produit : l’acceptation naturelle de ce que nous sommes vraiment. Plus besoin de cacher, de lisser, d’uniformiser. Les réseaux sociaux regorgent désormais de selfies sans filtre, où les cernes et les pores apparents deviennent des preuves d’authenticité.

Les célébrités ont emboîté le pas, transformant ce qui était autrefois un tabou en véritable mouvement. Alicia Keys, Adèle, Pamela Anderson… Autant de visages connus qui assument leur peau telle qu’elle est. Leur influence n’est pas négligeable : quand une star dit non aux faux cils, elle donne la permission à des milliers de femmes d’en faire autant.

La révolution silencieuse des salles de bain

Dans mon entourage, le changement est palpable. Ma copine Julie, avocate de 32 ans, m’expliquait : « Avant, je passais 45 minutes chaque matin à me préparer. Aujourd’hui, je me contente d’une crème hydratante et d’un peu de gloss. Et devine quoi ? Personne ne m’a jamais fait autant de compliments. »

Ce qui m’intrigue, c’est que ce mouvement dépasse largement la simple question esthétique. C’est une remise en question profonde de notre rapport au temps, à l’argent, et à notre propre valeur. Combien d’heures passées devant le miroir ? Combien d’euros dépensés en produits qui, finalement, nous éloignent de nous-mêmes ?

Une étude récente montre que les femmes qui ont abandonné le maquillage quotidien récupèrent en moyenne 15 heures par mois. C’est presque deux journées de travail ! Du temps réinvesti dans le sommeil, la lecture, ou simplement… à ne rien faire. Quel luxe, dans notre monde hyperconnecté.

Avant Après Gain moyen
35 min/jour de maquillage 5 min/jour de soins 15h/mois
120€/mois en produits 40€/mois en soins 960€/an
3 préoccupations beauté/jour 1 routine simplifiée Paissance mentale

La peau comme étendard : quand le soin remplace la couverture

Attention, ne nous y trompons pas : le « no make-up » n’est pas synonyme de négligence. Bien au contraire. Ceux qui abandonnent le maquillage investissent souvent davantage dans les soins de la peau. C’est ce que j’appelle le « skinimalisme » – un terme que j’adore et qui résume parfaitement cette tendance vers la santé de la peau plutôt que vers son camouflage.

Je me suis moi-même surprise à troquer mes fonds de teint contre des sérums vitaminés. Curieuse de savoir si cela fonctionnait vraiment, j’ai testé les soins beauté de grand-mère pendant 3 mois. Résultat ? Une peau plus lumineuse, plus équilibrée, et cette satisfaction étrange de me montrer telle que je suis.

Les dermatologues le confirment : laisser sa peau respirer permet de rétablir son équilibre naturel. Les pores se resserrent, le teint s’uniformise, les imperfections deviennent moins fréquentes. Ironique, non ? On passe des années à cacher ce qui, finalement, s’améliore quand on arrête de le couvrir.

Le poids des chiffres : ce que révèle l’effondrement du marché

Les chiffres du secteur cosmétique sont éloquents : perte d’un million d’acheteuses en trois ans, baisse de 30% des ventes de fonds de teint, effondrement du marché du mascara… Ces statistiques rament à contre-courant de tout ce qu’on nous a seriné pendant des décennies.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, cela fait sens. Comment croire encore à ces promesses de perfection quand, dans le même temps, les mouvements body positive nous encouragent à aimer nos imperfections ? Comment accepter de dépenser des fortunes en produits quand on sait que certaines femmes dépensent 0€ en beauté et rayonnent plus que jamais ?

L’industrie tente bien sûr de résister. Elle invente le « maquillage naturel », les « tensio-actifs doux », les « formules clean ». Mais le cœur n’y est plus. Nous avons goûté à la liberté, et il n’y a pas de retour en arrière possible.

  • Baisse de 45% des ventes de fond de teint depuis 2022
  • 67% des femmes de moins de 35 ans préfèrent investir dans des soins plutôt que du maquillage
  • Multiplication par 3 des recherches Google sur « routine skincare minimaliste »
  • 82% des adolescentes déclarent préférer les influenceuses sans maquillage

La libération par le visage nu : dimension féministe d’un mouvement beauté

Derrière ce phénomène apparemment superficiel se cache une révolution bien plus profonde. Ne plus se maquiller, c’est dire non à l’injonction de beauté qui pèse sur les femmes depuis des siècles. C’est refuser de consacrer temps, argent et énergie mentale à correspondre à des standards souvent inatteignables.

Je repense souvent à cette phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » Se maquiller faisait partie de ce « devenir ». Aujourd’hui, de plus en plus d’entre nous choisissent de redéfinir ce que signifie être une femme. Sans fard, sans artifice, mais avec la conviction farouche que notre valeur ne se mesure pas à l’aune de notre apparence.

La philosophe Bernadette Andrieu voit dans ce mouvement une « émancipation des normes masculines et hétéronormées ». Je trouve cette analyse tellement juste. En arrêtant le maquillage, nous cessons de performer une féminité construite pour le regard masculin. Nous nous réapproprions notre visage, notre temps, notre identité.

Le temps retrouvé : ce que nous faisons de ces minutes libérées

Ce qui me fascine dans ce mouvement, c’est son aspect concret, presque mathématique. Chaque matin, des milliers de femmes récupèrent 20, 30, parfois 45 minutes. Que font-elles de ce temps précieux ?

D’après mes observations et les témoignages recueillis, ce temps libéré est réinvesti dans :

  1. Le sommeil (parfois seulement 10 minutes de plus, mais quelle différence !)
  2. La méditation ou la lecture du matin
  3. Un petit-déjeuner pris assise, sans se presser
  4. L’observation tranquille de la journée qui commence

Ces petits riens qui, mis bout à bout, transforment complètement notre rapport au quotidien. Comme me le disait une lectrice : « Depuis que j’ai arrêté le maquillage, j’ai l’impression de respirer plus largement. Literalement. »

Et si vous cherchez à optimiser ce temps retrouvé, sachez que cette routine beauté de 5 minutes affole Instagram en ce moment. La preuve que minimalisme ne rime pas avec négligence !

Les visages de la résistance : portraits de celles qui ont dit stop

Derrière les statistiques, il y a des visages. Des histoires. Des parcours. J’ai voulu comprendre ce qui poussait des femmes de tous âges et milieux à tourner le dos au maquillage. Leurs témoignages m’ont souvent émue.

Prenez Manon, 34 ans, comédienne. Dans son métier, le maquillage est souvent considéré comme obligatoire. Pourtant, elle a choisi de l’abandonner dans sa vie quotidienne. « Au début, j’avais peur qu’on me prenne pour une fille qui sort de lit. Maintenant, je me rends compte que les gens me voient mieux. Vraiment. »

Ou Marie, 52 ans, cadre dans une grande entreprise. « Pendant trente ans, je n’ai jamais mis les pieds au bureau sans mon ‘armure’ de maquillage. Aujourd’hui, je me sens plus forte sans. Paradoxal, non ? »

Ces femmes ne se ressemblent pas, mais elles partagent toutes cette même lumière dans le regard quand elles parlent de leur liberation. Une lueur qu’aucun fard à paupières n’aurait pu reproduire.

Génération Z : celles qui n’ont jamais commencé

Le phénomène le plus frappant ? Les jeunes femmes de la Génération Z qui, pour beaucoup, n’ont tout simplement jamais adopté le maquillage quotidien. Elevées avec les discours body positive et la défiance envers les industries traditionnelles, elles abordent la beauté avec un regard neuf.

Leur credo ? La transparence. L’authenticité. Le refus des filtres et des retouches. Sur TikTok, les hashtags #skinpositivity et #nomakeup cumulent des milliards de vues. Les influenceuses qui montrent leurs boutons, leurs pores, leurs cernes deviennent des modèles.

Cette génération a compris quelque chose d’essentiel : l’estime de soi ne se construit pas sur un fond de teint. Elle naît de l’acceptation de ce que l’on est, dans sa vérité la plus crue. Une leçon que beaucoup d’entre nous, plus âgées, apprenons encore.

D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, ce avant/après sans filtre a fait le buzz récemment. La preuve que le naturel séduit !

L’industrie cosmétique à la croisée des chemins

Face à cette lame de fond, les géants de la beauté tentent de s’adapter. Non sans mal. Comment continuer à vendre des produits quand le discours dominant devient « moins c’est mieux » ?

La réponse vient souvent du greenwashing et du « clean beauty ». Des termes marketing qui sonnent bien mais cachent mal une réalité : on veut nous faire acheter toujours plus, sous prétexte que c’est « naturel ». Pourtant, comme le note si justement Valentine Pétry dans son livre Make up, l’industrie reste « peu concernée par le développement durable ».

Certaines marques surfent sur la vague du minimalisme en proposant des routines simplifiées. D’autres misent sur l’écologie et les formulations propres. Mais au fond, le modèle économique reste le même : pousser à la consommation. Un paradoxe dans un mouvement qui prône justement… de moins consommer.

Personnellement, je trouve fascinant d’observer comment le skinimalisme détrône le skincare coréen à grande vitesse. Preuve que les excès, dans un sens comme dans l’autre, finissent par lasser.

Ancien modèle Nouveau paradigme Impact
Multiplications des produits Routines minimalistes -30% de ventes
Promesse de perfection Celebration de l’imperfection Changement des mentalités
Injonction au maquillage Liberté de choix Émancipation des femmes

Au-delà du visage : implications sociétales d’un mouvement apparemment superficiel

Ce qui commence comme un changement de routine beauté pourrait bien avoir des implications bien plus larges. En refusant de se maquiller, les femmes remettent en question un pilier du patriarcat : l’obligation de plaire par l’apparence.

Le philosophe Bernard Andrieu y voit « une manière de s’émanciper des normes masculines ». Je partage son analyse. En montrant notre visage nu, nous affirmons que notre valeur ne réside pas dans notre capacité à correspondre à des canons de beauté.

Cette révolution du regard a des conséquences concrètes. Dans le monde professionnel d’abord, où le « face tuning » et le maquillage étaient souvent perçus comme une marque de sérieux. Dans la sphère personnelle ensuite, où les relations se construisent sur une authenticité retrouvée.

Même l’art s’en mêle : les séries comme Euphoria ou Wednesday montrent des héroïnes au maquillage expressionniste, qui assume leurs émotions plutôt que de les cacher. Un crying make up qui dit « je suis triste » plutôt que « je suis belle ». Quelle puissance !

Les hommes face à ce nouveau visage des femmes

Question intéressante : comment les hommes réagissent-ils à ce mouvement ? Curieusement, beaucoup mieux qu’on ne pourrait le croire. Les témoignages que j’ai recueillis montrent souvent une préférence marquée pour le naturel.

Mon propre compagnon m’a avoué : « Au début, ça m’a surpris. Et puis finalement, je t’aime mieux comme ça. On dirait que je te découvre. » Cette phrase m’a touchée. Elle résume bien ce qui se joue : en arrêtant le maquillage, nous permettons aux autres de nous voir vraiment.

Bien sûr, certaines résistances persistent. Les hommes élevés avec l’idée qu’une femme « bien élevée » se maquille peuvent être déconcertés. Mais globalement, le mouvement semble accompagné d’une évolution des mentalités masculines. Comme si, finalement, tout le monde aspirait à plus d’authenticité.

Et si vous doutez encore que le naturel puisse séduire, allez voir les secrets beauté de cette grand-mère de 70 ans. Une leçon de grâce et d’acceptation.

Vers un nouveau contrat de beauté : ce qui nous attend demain

Où nous mène ce mouvement ? Vers une disparition pure et simple du maquillage ? Probablement pas. Mais vers une redefinition profonde de sa place dans nos vies, certainement.

Je imagine un futur où le maquillage redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un jeu, un plaisir, une expression artistique. Où l’on se maquille pour s’amuser, pour créer, pour se transformer ponctuellement – pas pour se cacher au quotidien.

Un futur où les jeunes filles apprendront d’abord à aimer leur peau avant d’apprendre à la couvrir. Où les magazines de beauté montreront des visages ridés, boutonneux, tachés, comme autant de preuves de vies bien vivantes.

Déjà, les formations en estime de soi et acceptation corporelle se multiplient. Les thérapeutes voient affluer des patientes qui veulent « faire la paix avec leur miroir ». Les marques qui surfent sur cette vague authentique rencontrent un succès croissant.

Comme le résume si bien une amie psychologue : « On assiste à un changement de paradigme. De la performance à l’être. Du paraître à l’essence. » Belle perspective, non ?

Et vous, où en êtes-vous dans votre rapport au maquillage ? Avez-vous, comme moi, senti ce souffle de liberté en rangeant vos pinceaux ? Ou au contraire, le maquillage reste-t-il pour vous un plaisir, un moment de création ?

Je vous laisse avec cette question, et avec l’envie soudaine de me préparer une bonne tasse de thé en regardant par la fenêtre. Sans me soucier de l’état de mon teint.

Questions fréquentes

Le mouvement no make-up ne risque-t-il pas de nous faire négliger notre apparence ?

Absolument pas. La majorité des femmes qui abandonnent le maquillage quotidien investissent davantage dans les soins de la peau. Il s’agit de passer du camouflage à la santé, pas de la négligence.

Comment supporter le regard des autres quand on arrête brusquement de se maquiller ?

La transition peut se faire progressivement. Commencer par des week-ends sans maquillage, puis étendre à certains jours de la semaine. La plupart des femmes constatent que l’entourage réagit bien mieux qu’elles ne le craignaient.

Est-ce que les hommes apprécient vraiment les femmes sans maquillage ?

Les études montrent une nette préférence pour le naturel. Au-delà du regard masculin, l’important est de se sentir bien dans sa peau. L’acceptation de soi finit toujours par rayonner et attirer les regards bienveillants.

Comment entretenir sa peau quand on arrête le maquillage ?

Une routine simple mais régulière : nettoyage doux, hydratation adaptée, protection solaire. Beaucoup découvrent que moins laver son visage peut même donner de meilleurs résultats !

Le no make-up est-il accessible à tous les âges ?

Absolument. Chaque âge a sa beauté propre. Les rides, les taches, les ridules racontent une histoire qu’il peut être libérateur d’assumer plutôt que de cacher.