Ce matin, en rangeant mon sac, j’ai retrouvé ma gourde oubliée depuis trois jours. L’odeur m’a presque fait reculer. Pourtant, je la lavais « régulièrement »… si on peut appeler ça laver. Un rapide coup d’eau tiède, un geste négligent pour cette compagne de tous les jours. Et si nos objets les plus familiers nous trahissaient ? Si notre maison, ce refuge censé nous protéger, abritait en réalité des colonies entières de microbes bien installés ?
Je me suis plongée dans la question, et les chiffres m’ont glacée. Certains objets du quotidien contiendraient jusqu’à 40 000 fois plus de bactéries qu’un siège de toilettes. Oui, vous avez bien lu. Pendant qu’on nettoie frénétiquement nos WC, des bataillons de microbes prospèrent tranquillement sur nos téléphones, nos éponges, nos poignées de porte… Des chercheurs parlent même d’écosystèmes microbiens complexes se développant dans nos cuisines et salles de bains. Préparez-vous à regarder votre intérieur d’un œil nouveau.
Notre obsession mal placée pour les toilettes propres
Nous avons collectivement développé une phobie des toilettes. On les nettoie, on les désinfecte, on utilise des produits bleus qui sentent « le propre »… Pendant ce temps, des objets bien plus contaminés passent inaperçus. La psychologie derrière ça fascine : nous nettoyons ce qui nous semble sale visiblement, mais négligeons l’invisible. Or, le danger microbiologique est justement… invisible.
Jason Tetro, microbiologiste, explique dans The Guardian : « Les gens nettoient ce qu’ils perçoivent comme sale. Les toilettes sont culturellement associées à la saleté, donc on les nettoie. Mais un téléphone portable qui ne présente pas de taches apparentes ? On n’y pense pas. » Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Objet | Nombre de bactéries (en UFC*) | Comparaison avec siège WC |
---|---|---|
Éponge de cuisine | 5 500 000 000 | 400 000 fois plus |
Gourde réutilisable | 20 800 000 | 40 000 fois plus |
Télécommande | 1 600 000 | 15 fois plus |
Smartphone | 25 000 | 10 fois plus |
*UFC = Unité Formant Colonie | Sources : études WaterFilterGuru et Université d’Arizona

La cuisine : véritable laboratoire microbien insoupçonné
Notre cuisine, ce temple de la convivialité et des bons petits plats, cache une réalité moins appétissante. Chuck Gerba, virologue à l’Université d’Arizona, ne mâche pas ses mots : « Je suis surpris que des formes de vie nouvelles n’aient pas encore émergé dans les éponges de cuisine. »
L’éponge : reine incontestée des nids à bactéries
Humidité permanente, résidus alimentaires, température ambiante… L’éponge réunit toutes les conditions idéales pour la prolifération microbienne. Markus Egert, professeur de microbiologie, a découvert que certaines éponges abritaient des communautés bactériennes comparables à des échantillons de selles humaines. Salmonella, Campylobacter, E. coli… Tous les agents responsables de gastro-entérites peuvent s’y trouver.
Pire : lorsque nous utilisons cette éponge « pour nettoyer », nous étalons en réalité cette soupe microbienne sur toutes nos surfaces. La solution ?
- Utiliser des éponges différentes pour la vaisselle et les surfaces
- Les rincer abondamment après chaque usage et bien les essorer
- Les changer toutes les semaines, sans pitié
- Privilégier les brosses à vaisselle qui sèchent mieux
Planches à découper et robinets : les complices involontaires
Vos planches à découper en bois ou plastique présentent un risque insidieux. « Les gens se contentent souvent de les rincer après avoir coupé de la viande, puis préparent une salade dessus, alerte Chuck Gerba. Résultat : des germes coincés dans les micro-crevasses. »
Quant aux robinets… Ironie du sort, nous les touchons avec des mains sales avant de nous laver les mains. Jason Tetro recommande : « Laissez couler un filet d’eau sans toucher les poignées, puis désinfectez les robinets après usage. » Des produits comme Cillit Bang ou Ajax peuvent aider à dégraisser et désinfecter ces surfaces fréquemment touchées.
Salle de bains : le paradoxe de l’hygiène qui contamine
Nous y entrons pour nous nettoyer, mais en ressortons-nous vraiment plus propres ? Certains objets de notre salle de bains pourraient bien nous faire douter.
Brosse à dents : 10 millions de bactéries dans la bouche
Notre brosse à dents hébergerait jusqu’à 10 millions de bactéries. « Si vous consommez beaucoup d’aliments sucrés ou gras, votre microbiome buccal se modifie et favorise les souches nuisibles », explique Jason Tetro. Le socle de la brosse, rarement nettoyé, devient quant à lui un véritable laboratoire infectieux miniature.
Les recommandations des microbiologistes :
- Passer la brosse sous de l’eau très chaude pendant cinq secondes chaque jour
- La remplacer chaque mois, sans exception
- Nettoyer régulièrement le socle avec un désinfectant
- Éviter de laisser la brosse dans un contenant fermé qui maintient l’humidité
Rideaux de douche et éviers : les surfaces oubliées
Votre rideau de douche peut contenir jusqu’à 60 fois plus de bactéries qu’un abattant de toilettes. Chaud, humide et rarement lavé, il entre en contact avec tout votre corps. Quant aux éviers, réceptacles des saletés de nos mains et de la vaisselle, ils mériteraient un nettoyage quotidien au lieu du simple rinçage habituel.
Pour ces surfaces, des produits comme Domestos ou Sanytol offrent une désinfection efficace. Mais attention : privilégiez les désinfectants doux pour ne pas agresser vos voies respiratoires.
Objets high-tech : nos compagnons les plus contaminés
Nous les touchons en moyenne 2 617 fois par jour selon certaines études. Nos smartphones, écouteurs et montres connectées sont de véritaiments nids à microbes portables.
Smartphones et écouteurs : extension de nous-mêmes… et de nos microbes
Une étude australienne a révélé que les ordinateurs fixes pouvaient abriter 400 fois plus de bactéries qu’une cuvette de toilettes. Mais c’est notre téléphone qui nous suit partout – aux toilettes, à table, dans les transports – qui collectionne le plus de pathogènes.
Les écouteurs sans fil sont particulièrement préoccupants : une étude a identifié la présence d’E. coli dans 50 paires testées. Nous les mettons dans nos oreilles, ces conduits sensibles, après les avoir posés n’importe où.
Quelques règles simples :
- Nettoyer son téléphone quotidiennement avec une lingette désinfectante
- Ne jamais emporter son téléphone aux toilettes
- Nettoyer régulièrement écouteurs et casques avec un produit adapté
- Se laver les mains avant et après avoir utilisé ces appareils
Montres connectées et lunettes : le contact permanent avec la peau
Une étude de 2023 a révélé que 60% des bracelets de montre analysés présentaient des bactéries intestinales, dont E. coli. Les sangles en caoutchouc et tissu sont les plus contaminées, tandis que le métal noble résiste mieux.
Les lunettes, quant à elles, concentrent leurs charges bactériennes sur les plaquettes nasales et les branches. Les porteurs immunodéprimés sont particulièrement exposés. Un nettoyage régulier avec des produits doux comme ceux de Le Petit Marseillais peut faire la différence.
Les surfaces tactiles partagées : danger collectif
Certains objets de notre environnement sont manipulés par de multiples personnes, faisant d’eux de véritables vecteurs de contamination croisée.
Poignées, interrupteurs et télécommandes : les champions de la transmission
La télécommande familiale serait 15 fois plus sale que les toilettes selon une enquête de la compagnie Churchill. Les interrupteurs, testés par l’Université de Houston, sont quant à eux des plaques tournantes pour virus du rhume et bactéries fécales.
Le simple fait de toucher un interrupteur une heure après une personne enrhumée suffirait à contaminer. Pourtant, qui nettoie régulièrement ces surfaces ?
Les poignées de porte, de réfrigérateur, de placards… Manipulées avec les mains, de multiples fois par jour par tout le monde, elles mériteraient un nettoyage quotidien au désinfectant. Des marques comme Dettol proposent des sprays pratiques pour ces surfaces fréquemment touchées.
Bureaux partagés : la loterie microbiologique
Fontaines à eau, photocopieuses, micro-ondes, cafetières… Les bureaux partagés sont de véritables incubateurs à microbes. Chacun peut y mettre du sien en nettoyant après usage et en respectant les règles d’hygiène de base.
Argent et documents : les voyageurs de microbes
Les billets de banque et pièces de monnaie remporteraient la palme des objets les plus sales, véhiculant quelque 26 000 bactéries selon FranceSoir. Ils passent de main en main, de portefeuille en portefeuille, traversant villes et continents.
À l’ère du sans-contact, peut-être que le paiement électronique a du bon… Mais attention aux terminaux de paiement et clavios de banque, également très manipulés !
Strategies simples pour reprendre le contrôle
Inutile de sombrer dans la phobie microbienne ou de tout désinfecter frénétiquement. Quelques gestes simples et réguliers peuvent faire une différence significative.
Routine de nettoyage réaliste et efficace
Plutôt que de tout nettoyer en une fois, intégrez quelques gestes à votre routine :
Fréquence | Objets à nettoyer | Méthode recommandée |
---|---|---|
Quotidiennement | Téléphone, clavier, poignées | Lingette désinfectante |
Tous les 2 jours | Éponges, robinets, interrupteurs | Produit désinfectant (type Sanytol) |
Hebdomadairement | Télécommande, souris, brosse à dents | Nettoyage approfondi |
Mensuellement | Rideau de douche, poubelles, éviers | Détartrage et désinfection |
Choix des produits : efficacité sans excès
Privilégiez les désinfectants doux pour ne pas agresser votre santé respiratoire. Les produits comme Febreze pour les textiles ou Mercurochrome pour les petites blessures ont leur place dans une armoire à pharmacie raisonnable.
Les outils de nettoyage comme ceux de Vileda ou Swiffer facilitent l’entretien régulier des surfaces. L’important est la régularité plutôt que l’intensité.
Comme je le racontais dans mon article sur mon expérience skincare, parfois, moins mais mieux fait toute la différence.
Questions fréquentes sur l’hygiène au quotidien
Faut-il jeter son éponge après chaque utilisation ?
Non, mais il faut la rincer abondamment, bien l’essorer et la changer toutes les semaines. Certains recommandent de la passer au micro-ondes humide une minute pour éliminer les bactéries.
Les produits naturels sont-ils efficaces contre les bactéries ?
Le vinaigre blanc et le bicarbonate ont une certaine efficacité, mais pour une désinfection complète, les produits spécifiques comme Sanytol ou Dettol restent plus fiables contre les pathogènes dangereux.
Comment nettoyer son téléphone sans l’abîmer ?
Utilisez un chiffon microfibre légèrement humidifié avec de l’eau et du savon doux, ou une lingette désinfectante spécifique pour écrans. Évitez les produits trop agressifs.
Les objets en métal sont-ils plus hygiéniques ?
Oui, les surfaces en métal noble (argent, cuivre) ont des propriétés antibactériennes naturelles. Le plastique et le caoutchouc retiennent plus facilement les microbes.
Faut-il nettoyer les achats venant de l’extérieur ?
Pendant les périodes d’épidémie, c’est recommandé. En temps normal, un lavage des mains après avoir rangé les courses suffit généralement.