Je me souviens de ce matin de novembre où, assise devant mon café refroidi, je fixais cette annonce pour un cours d’écriture créative depuis trois semaines sur mon frigo. « Trop vieille pour commencer », « Pas assez talentueuse », « Je n’aurai jamais le temps »… Le petit théâtre habituel de mes excuses personnelles. Puis ce déclic soudain : et si toutes ces bonnes raisons n’étaient que des mensonges bien ordonnés pour rester tranquillement dans ma zone de confort ?
Le mensonge du « je n’ai pas le temps » : l’art suprême de la procrastination
Combien de fois cette petite phrase m’a-t-elle servi de bouclier contre mes propres ambitions ? « Je commencerai mon roman l’année prochaine », « je m’inscrirai à la gym en janvier », « je reprendrai le piano quand les enfants seront plus grands ». Des promesses que je me faisais en sachant pertinemment que le temps n’était qu’un prétexte commode.
La vérité, cruelle mais libératrice, est que nous avons tous exactement le même nombre d’heures dans une journée. La différence réside dans ce que nous choisissons d’en faire. Quand j’ai enfin osé analyser honnêtement mon emploi du temps, j’ai découvert avec stupeur que je passais près de 12 heures par semaine à scroller sans but sur mon téléphone. Douze heures ! Le temps d’apprendre une langue, d’écrire un chapitre de livre, de commencer ce projet qui me tenait à cœur depuis des années.

Le piège du « je n’ai pas le temps » cache souvent une résistance au changement bien plus profonde. C’est plus confortable de croire que les circonstances extérieures nous empêchent d’avancer que de reconnaître notre propre peur de l’échec. Comme cette amie qui rêve de reconversion professionnelle depuis cinq ans mais « attend le bon moment », tandis que chaque jour qui passe rend le saut un peu plus effrayant.
Comment démasquer ce mensonge temporel
J’ai développé une technique simple mais redoutablement efficace : le journal de bord honnête. Pendant une semaine, notez toutes vos activités par tranches de 30 minutes. Sans jugement, sans triche. Les résultats sont souvent édifiants. Vous découvrirez probablement, comme moi, que ces fameuses « 5 minutes » perdues çà et là représentent en réalité des heures de vie qui pourraient être consacrées à ce qui compte vraiment.
- Identifiez les trous noirs temporels : réseaux sociaux, télévision passive, navigation internet sans but
- Questionnez chaque « je dois » : est-ce vraiment indispensable ou une habitude comfortante ?
- Commencez par 15 minutes par jour sur votre projet, même épuisé, même dubitatif
Comme je l’expliquais dans mon article sur le no-spend challenge, parfois il suffit de petits engagements quotidiens pour briser les patterns d’auto-sabotage.
« Je ne suis pas fait(e) pour ça » : le mensonge de l’identité figée
Ah, celui-là est probablement le plus pernicieux de tous. Combien de rêves ai-je enterrés sous ce simple verdict : « ce n’est pas moi » ? Apprendre la guitare à 35 ans ? Pas mon profil. Me mettre au yoga ? Trop raide de nature. Écrire un blog ? Qui voudrait me lire…
Ce mensonge s’appuie sur une conception rigide de notre identité, comme si nous étions sculptés dans le marbre à 25 ans et condamnés à répéter les mêmes patterns jusqu’à la fin de nos jours. La neuroscience nous apprend pourtant que notre cerveau reste plastique bien au-delà de ce qu’on imaginait. La neuroplasticité n’est pas qu’un joli mot : c’est la capacité concrète de notre matière grise à se réorganiser en fonction de nos expériences.
Je repense à Marc, un lecteur qui m’a écrit il y a quelques mois. À 52 ans, il était convaincu d’être « nul en langues » parce qu’il avait raté son allemand au bac. Sur un coup de tête (ou de désespoir), il s’est inscrit à des cours d’espagnol en ligne. Six mois plus tard, il tenait une conversation basique pendant ses vacances à Barcelone. Son seul vrai obstacle ? Cette croyance ancrée qu’il était « mauvais en langues », point final.
Les preuves qui démontent le mythe de l’identité fixe
Croyance limitante | Réalité scientifique | Temps moyen pour changer |
---|---|---|
« Je suis timide de nature » | La timidité est souvent une habitude comportementale | 3-6 mois de pratique régulière |
« Je n’ai pas l’oreille musicale » | L’oreille musicale se développe par l’entraînement | 1 an de pratique instrumentale |
« Je suis désordonné(e) » | L’organisation est une compétence qui s’apprend | 21 jours pour une nouvelle routine |
Comme je le racontais dans mon expérience sur la visualisation créatrice, changer notre narrative interne est le premier pas vers une transformation réelle.
« C’est trop risqué » : le mensonge de la sécurité illusoire
Celui-ci me fait toujours sourire, avec une pointe d’amertume. Comme si rester immobile était une option sans risque ! J’ai mis des années à comprendre que le statu quo est souvent plus dangereux que le changement. Rester dans un travail qui nous épuise, une relation qui nous diminue, une ville qui nous étouffe – sous prétexte que c’est « moins risqué » – c’est comme rester dans une maison qui brûle parce que la porte semble trop loin.
Mon amie Sophie en est l’illustration parfaite. Pendant dix ans, elle est restée dans un poste qu’elle détestait « pour la sécurité ». Licenciement économique. À 45 ans, le fameux « risque » qu’elle cherchait à éviter s’est abattu sur elle de toute façon. La différence ? Elle aurait pu utiliser ces dix années à construire autre chose, à développer des compétences qui lui correspondent vraiment.
La vérité que personne ne nous dit : il n’existe pas de sécurité absolue. Les entreprises ferment, les relations échouent, la santé peut flancher. La seule véritable sécurité réside dans notre capacité à nous adapter, à apprendre, à rebondir. Comme ces arbres qui plient sous la tempête mais ne rompent pas parce que leurs racines sont profondes et flexibles.
Recadrer sa perception du risque
J’ai développé une méthode en trois questions pour évaluer réellement les risques :
- Quel est le pire scénario réaliste ? (Pas les fantasmes catastrophistes)
- Pourrais-je survivre à ce pire scénario ? (La réponse est presque toujours oui)
- Qu’apprendrai-je même en échouant ? (L’échec comme tuition fee)
Quand j’ai lancé ce blog, le pire scénario était que personne ne me lise. J’ai survécu. Et même dans ce cas hypothétique, j’aurais appris à écrire régulièrement, à surmonter ma peur du jugement, à me familiariser avec la technique. Finalement, le vrai risque aurait été de ne jamais essayer.
« Je vais attendre d’être motivé(e) » : le mensonge de l’inspiration divine
Ah, la motivation… cette fée capricieuse qui visite les autres mais semble nous bouder ! Pendant des années, j’ai attendu ce déclic magique, cette vague d’enthousiasme qui me porterait naturellement vers mes objectifs. Spoiler alert : elle n’est jamais venue.
La vérité cruelle mais libératrice : la motivation suit l’action, pas l’inverse. Commencer même sans envie crée un momentum qui génère ensuite la motivation. C’est contre-intuitif, je sais. Nous imaginons que d’abord vient l’élan, puis l’action. En réalité, c’est souvent l’inverse.
Je me souviens de ces matins d’hiver où sortir courir relevait du supplice. Pourtant, je m’obligeais à enfiler mes baskets (en maudissant intérieurement mon moi de la veille qui avait pris cet engagement). Miracle : au bout de cinq minutes de course, quelque chose se débloquait. L’énergie venait, le moral remontait. La motivation arrivait enfin – mais seulement parce que j’avais commencé malgré son absence.
Le système anti-procrastination
Voici ce qui fonctionne pour moi (et pour beaucoup de ceux qui partagent leur experience sur mon blog) :
- La règle des 5 minutes : engagez-vous seulement à 5 minutes de l’activité redoutée
- Préparez le terrain la veille : vêtements de sport posés, ordinateur chargé…
- Éliminez les friction points : plus c’est facile à commencer, moins on procrastine
Comme je l’expliquais dans mon article sur les signaux d’alerte dans les relations, parfois les patterns qui nous sabotent sont subtils mais bien réels.
« Les autres y arrivent mieux que moi » : le mensonge de la comparaison toxique
Le dernier de ma liste, mais peut-être le plus destructeur. À l’ère des réseaux sociaux, nous comparons notre behind-the-scenes au highlight reel des autres. Résultat : nous nous sentons constamment en retard, inadéquats, moins doués.
Ce que j’ai mis du temps à comprendre : chaque parcours est unique. Comparer mon chapitre 3 au chapitre 20 de quelqu’un d’autre n’a aucun sens. Cette amie qui semble réussir si facilement ? Elle a peut-être commencé dix ans plus tôt, bénéficié de soutiens invisibles, ou simplement fait des erreurs différentes des miennes.
Le pire dans cette comparaison toxique ? Elle nous pousse souvent à abandonner juste avant le breakthrough. Parce que nos progrès nous semblent dérisoires face aux succès apparents des autres. Nous ne voyons pas les échecs, les doutes, les nuits blanches derrière leurs réussites.
Comment cultiver son propre jardin sans regarder par-dessus la clôture
Piège mental | Antidote concret | Résultat observable |
---|---|---|
« Elle a déjà publié trois livres » | Se concentrer sur sa propre progression | Réduction du sentiment d’urgence malsaine |
« Il voyage partout pendant que je suis coincé » | Identifier ses valeurs réelles (pas celles des autres) | Choix de vie plus alignés et satisfaisants |
« Ils ont l’air si sûrs d’eux » | Comprendre que personne n’a toutes les réponses | Libération de la pression de la perfection |
Finalement, comme je le découvrais en écrivant sur les signaux d’alerte du corps, notre esprit nous envoie aussi des messages quand nous nous mentons à nous-mêmes.
Questions fréquentes
Comment distinguer une excuse légitime d’un mensonge auto-saboteur ?
Une excuse légitime relève généralement de circonstances externes vérifiables (maladie, contrainte familiale réelle). Un mensonge auto-saboteur utilise souvent des généralités (« je n’ai pas le temps », « je ne suis pas fait pour ») et persiste même quand les circonstances changent.
Peut-on vraiment changer des croyances ancrées depuis l’enfance ?
Absolument. Le cerveau reste plastique toute la vie. Cela demande de la conscience, de la répétition et souvent du support, mais remplacer une croyance limitante par une empowerante est parfaitement possible, comme en témoignent les neurosciences modernes.
Comment rester motivé quand on découvre qu’on se ment depuis des années ?
En transformant la culpabilité en curiosité. Au lieu de « je me suis menti tout ce temps », essayez « fascinant, je viens de découvrir un pattern qui ne me sert plus ». Cette approche neutre et investigative rend le changement plus accessible et moins émotionnellement chargé.