Je me souviens encore de cette après-midi chez ma copine Camille, quand elle m’a montré fièrement son nouveau canapé. « Regarde, c’est du Japandi pur ! » m’a-t-elle annoncé avec des étoiles dans les yeux. J’ai regardé ce monstre beige aux angles parfaits, ces coussins immaculés qui semblaient crier « ne me touche pas », et j’ai ressenti un petit pincement au cœur. Parce que voilà, entre nous, certaines tendances déco 2024 me donnent carrément de l’urticaire. Ce n’est pas qu’elles soient moches – enfin si, parfois – mais surtout qu’elles nous transforment en clones déco, à courir après des envies qui ne sont pas vraiment les nôtres. Aujourd’hui, j’ai besoin de vider mon sac sur ces cinq phénomènes qui envahissent nos intérieurs et qui, personnellement, me donnent envie de repeindre tout en noir par protestation.

Le Japandi : cette uniformisation déguisée en sophistication

Commençons par le grand gagnant 2024, ce style qui fait frétiller les magazines et les influenceurs : le Japandi. À la base, l’idée semble séduisante – marier la minimalisme scandinave à l’élégance japonaise. Sauf qu’en pratique, ça donne souvent des intérieurs aseptisés où chaque objet doit être à sa place, où la moindre trace de vie semble bannie. Je suis allée voir chez IKEA et Maisons du Monde leurs collections « inspirées Japandi », et j’ai eu l’impression de me promener dans un showroom où l’on avait enlevé toute âme sous prétexte d’épure.

Le pire dans cette histoire ? C’est qu’on nous vend ça comme une philosophie de vie, alors que c’est souvent juste une excuse pour vendre du mobilier basique à prix élevé. Ferm Living et AM.PM surfent allègrement sur la vague avec des pièces certes jolies, mais qui pourraient appartenir à n’importe qui. Où est la personnalité là-dedans ? Où sont ces petits détails qui racontent une histoire, qui font qu’un intérieur nous ressemble ?

découvrez mon avis tranché sur la déco tendance 2024 : je vous explique pourquoi je déteste ces 5 objets ou styles à la mode et ce qu'ils apportent (ou pas) à votre intérieur. un regard différent pour inspirer vos choix déco !

Je ne dis pas que tout est à jeter – j’aime beaucoup les stores en bambou chez Sostrene Grene par exemple – mais cette quête effrénée de la perfection minimaliste finit par créer des espaces… tristes. Des espaces où on n’ose pas poser son livre sur la table basse de peur de casser l’harmonie, où les enfants ne peuvent pas jouer parce qu’il faut préserver l’esthétique. Est-ce vraiment ça, le concept du « home sweet home » ?

Quand la déco devient une performance sociale

Ce qui m’inquiète surtout avec cette tendance, c’est qu’elle s’accompagne d’une pression sociale terrible. Sur Instagram, on voit défiler des milliers d’intérieurs identiques, comme si tout le monde avait soudainement les mêmes goûts, les mêmes envies. On se sent presque coupable d’avoir un tapis bariolé ou une bibliothèque en désordre. Comme si aimer les couleurs vives était devenu un crime contre le bon goût.

Je me souviens d’une amie qui a presque refait tout son salon pour « être dans le ton », alors qu’elle adorait son ancien fauteuil orange. Résultat : elle a dépensé une fortune chez Habitat et Made.com pour un intérieur qu’elle trouve… ennuyeux. Mais au moins, quand elle reçoit, les invités trouvent ça « très tendance ». Quel triste compliment !

Le retour du rétro 70’s : la nostalgie qui tourne au cauchemar kitsch

Alors là, je vais peut-être me faire des enemies, mais il fallait que ça sorte : le retour en force des années 70 me donne des boutons. Je parle de ces canapés orange fluo, des motifs psychédéliques qui donnent le tournis, des tentures murales qui feraient passer un tapis persan pour un modèle de sobriété. Bien sûr, j’adore l’idée de recycler les styles du passé – j’en parlais d’ailleurs dans cet article sur les styles vintage – mais là, on dirait que certains designers se sont dit « et si on poussait le kitsch jusqu’à l’absurde ? ».

Ce qui me chiffonne particulièrement, c’est que cette tendance est souvent mal interprétée. Chez La Redoute Intérieurs, j’ai vu des collections « 70’s inspired » qui ressemblaient plus à un mauvais trip LSD qu’à un hommage à cette décennie. Des imprimés qui crient, des formes qui agressent, des couleurs qui se battent entre elles… Où est la subtilité ? Où est cette chaleur authentique des intérieurs seventies qui, certes audacieux, restaient habitables ?

Le pire dans tout ça, c’est que ces pièces sont souvent très chères. Un fauteuil en forme de main chez H&M Home à 300 euros, sérieusement ? Je préfère encore le fauteuil de mamie que je pourrais retapisser moi-même – ce qui aurait au moins le mérite d’être unique et personnel.

Quand le passé devient un piège marketing

Ne nous y trompons pas : derrière cette vague rétro se cache un brilliant marketing. Les marques ont bien compris que la nostalgie vendait, surtout en période d’incertitude. Alors on ressort les vieux catalogues, on copie les formes iconiques, et hop ! On appelle ça de l' »inspiration vintage ». Sauf qu’à force de vouloir trop en faire, on obtient des pastiches qui manquent cruellement d’authenticité.

Je me demande parfois si ceux qui achètent ces meubles « rétro » connaissent vraiment l’esprit des années 70, ou s’ils suivent juste une mode. Parce qu’un vrai intérieur seventies, ce n’est pas juste un poster psychédélique et un pouf orange – c’est toute une philosophie de liberté et d’expérimentation qui me semble parfois absente de ces reproductions commerciales.

Le cottagecore : la campagne idéalisée qui vire au décor de film

Ah, le cottagecore… Cette tendance qui nous promet des intérieurs de contes de fées, tout droit sortis d’un roman de Jane Austen. En théorie, j’adore. Qui n’a jamais rêvé d’une petite maison à la campagne avec des fleurs séchées partout et des nappes à carreaux ? Le problème, c’est quand cette esthétique devient si prévisible qu’on dirait un décor de cinéma plutôt qu’un vrai lieu de vie.

Je suis allée dans un magasin Leroy Merlin l’autre jour, et toute une section était dédiée au « cottagecore ». Même les vis et les clous étaient présentés dans des bocaux en verre vintage ! On atteint des niveaux de mise en scène qui frisent le ridicule. Sostrene Grene et Maisons du Monde ne sont pas en reste, avec des rayons entiers de petits oiseaux en céramique et de coussins brodés « Home Sweet Home ».

Ce qui me gêne profondément avec cette tendance, c’est son côté fantasmé. La vraie campagne, ce n’est pas que des jolis bouquets et des tartes aux pommes sur le rebord de la fenêtre. C’est aussi de la boue, des outils qui traînent, de la vie quoi ! En voulant trop idéaliser cette esthétique, on en fait une parodie d’elle-même.

La déco qui nie la réalité du quotidien

Le plus ironique, c’est que beaucoup d’adeptes du cottagecore vivent… en ville. Dans des appartements où le seul contact avec la nature est le parc du quartier. Alors on achète des meubles qui imitent le bois rustique, des tapis qui ressemblent à de l’herbe, et des lampes en forme de champignons. C’est mignon, certes, mais ça frôle parfois le déni.

Je préfère de loin les approches plus authentiques, comme celle dont je parlais dans mon article sur la déco low-cost, où l’on assume son environnement plutôt que de vouloir le transformer en décor de théâtre.

Les plantes everywhere : quand la jungle urbaine devient étouffante

Je vais peut-être passer pour une antisociale, mais il fallait que je parle de cette obsession des plantes d’intérieur. Bien sûr, j’aime les plantes. J’en ai plusieurs chez moi – un monstera qui prend un peu trop ses aises, quelques succulentes sur le rebord de la fenêtre. Mais ce qui se passe actuellement dépasse l’entendement.

On dirait que tout le monde s’est mis à collectionner les plantes comme s’il s’agissait de pokémons. Il faut absolument avoir le philodendron rare, le ficus audacieux, la plante grimpante qui va recouvrir tout un mur. Sur Instagram, les « plant parents » se vantent de leurs jungles personnelles, sans toujours se soucier du fait que vivre entouré de tant de verdure peut devenir… étouffant.

Ce qui m’inquiète dans cette course à la plante la plus exotic, c’est son impact écologique. Beaucoup de ces plantes viennent de l’autre côté du monde, cultivées dans des conditions parfois douteuses, et transportées en avion. Sans parler de tous ces pots en plastique achetés chez IKEA ou Leroy Merlin qui finiront à la décharge.

Et n’oublions pas l’aspect pratique : qui arrose tout ça ? Qui rempote ? Qui lutte contre les maladies ? J’ai une amie qui passe littéralement ses week-ends à s’occuper de ses soixante-dix plantes, au point d’en oublier de vivre. Il y a comme une contradiction à vouloir se rapprocher de la nature tout en s’enfermant dans un appartement surchargé de végétation.

Quand le bien-être devient une contrainte

Le pire, c’est que cette tendance est vendue comme bénéfique pour le bien-être. « Les plantes purifient l’air », « elles réduisent le stress »… Sauf que devoir s’occuper d’une forêt vierge en miniature peut aussi devenir une source d’anxiété. La mort d’une plante devient un drame, une preuve d’incompétence.

Je crois qu’on aurait besoin de retrouver un peu de mesure. Avoir quelques plantes qu’on aime vraiment, qu’on choisit avec soin et dont on peut vraiment s’occuper, plutôt que d’accumuler pour suivre la mode. Comme je le disais dans mon article sur les signes que notre corps nous envoie, parfois, il faut savoir écouter nos limites plutôt que de suivre aveuglément les tendances.

Le minimalisme radical : quand le dépouillement devient une prison

Terminons par celle qui me hérisse le plus : le minimalisme poussé à l’extrême. Je ne parle pas du simple désencombrement – qui peut être bénéfique – mais de cette philosophie qui voudrait qu’on ne possède que vingt-sept objets soigneusement choisis, et que chaque chose doive être cachée dans des boîtes en bois parfaitement alignées.

Ce mouvement, popularisé par des influenceurs et certaines marques comme Ferm Living ou AM.PM, nous vend une idée de pureté et de liberté. Moins posséder pour mieux vivre. Sauf qu’à force de minimalisme, certains intérieurs ressemblent plus à des cellules monacales qu’à des lieux de vie. Où sont les livres qu’on aime feuilleter au hasard ? Les photos de famille ? Les petits souvenirs ramenés de voyage ?

Le plus paradoxal, c’est que ce minimalisme est souvent très coûteux. Il faut acheter le beau meuble de rangement design, les boîtes de conservation esthétiques, les cintres tous identiques… On remplace l’accumulation d’objets divers par l’accumulation d’objets de rangement, mais en plus cher !

Ce qui me dérange profondément, c’est que ce minimalisme radical nie une part essentielle de notre humanité : notre attachement aux objets, aux souvenirs, à tout ce qui fait notre histoire personnelle. Un intérieur sans désordre, c’est un intérieur sans vie, sans accident, sans surprise. Et personnellement, j’aime les surprises.

Quand l’ordre devient une obsession

J’ai rencontré une femme qui suivait strictement les préceptes du minimalisme radical. Son appartement était impeccable, chaque objet à sa place, pas un grain de poussière. Elle m’a avoué passer trois heures par jour à ranger, nettoyer, organiser. Elle avait même mis en place un système de rotation pour ses vêtements, avec un tableur Excel pour suivre le tout.

Au lieu de lui apporter la paix promise, cette quête de l’ordre parfait était devenue une source d’anxiété constante. La peur de salir, de déranger, de ne pas être à la hauteur de cet idéal minimaliste. Comme je l’expliquais dans mon article sur les personnalités, nous sommes tous différents, et ce qui fonctionne pour certains peut être un cauchemar pour d’autres.

Tendance Ce qu’on nous vend La réalité Alternative plus sensée
Japandi Équilibre et sérénité Intérieurs froids et impersonnels Mélanger des pièces authentiques des deux cultures
Rétro 70’s Liberté et audace Kitsch et manque d’authenticité Pièces vintage originales plutôt que copies
Cottagecore Authenticité campagnarde Décor artificiel et fantasmé Quelques vraies pièces utilitaires plutôt que du décoratif
Plantes partout Connexion à la nature Entretien épuisant et impact écologique Quelques plantes locales qu’on aime vraiment
Minimalisme radical Liberté et clarté mentale Obsession du rangement et anxiété Désencombrement raisonnable qui préserve la personnalité

Pour une déco qui nous ressemble vraiment

Au fond, ce qui me dérange avec toutes ces tendances, c’est qu’elles nous poussent à uniformiser nos intérieurs, à suivre des règles dictées par des magazines et des influenceurs plutôt que par nos propres envies. On oublie que la déco devrait être l’expression de qui nous sommes, de notre histoire, de nos goûts personnels – même s’ils ne sont pas « tendances ».

Je me souviens de cette transformation déco à 50 euros dont je parlais récemment, où la personne avait simplement suivi son instinct plutôt que les modes du moment. Le résultat était bien plus intéressant et personnel que tous les intérieurs Japandi réunis.

Peut-être que la vraie tendance 2024, ce devrait être le courage de décorer selon nos envies plutôt que selon les diktats. D’oser les couleurs qu’on aime, même si elles ne sont pas « in », de garder les meubles qui ont une histoire, même s’ils ne sont pas parfaits. Après tout, un intérieur devrait nous ressembler, pas ressembler à la page d’un catalogue.

Quelques pistes pour échapper à la tyrannie des tendances

  • Prendre le temps de découvrir ce qu’on aime vraiment, sans influence extérieure. Feuilleter de vieux magazines, se promener dans des brocantes, noter ce qui nous fait vraiment plaisir à regarder.
  • Mélanger les styles plutôt que suivre une mode unique. Un meuble moderne avec une table ancienne, une plante exotique dans un pot vintage… Les combinaisons personnelles sont toujours plus intéressantes que les copies conformes.
  • Acheter moins mais mieux. Plutôt que de courir après chaque nouvelle tendance, investir dans des pièces qu’on aimera longtemps, quelle que soit la mode du moment.
  • Faire confiance à son instinct. Si on aime vraiment quelque chose, même si ce n’est pas tendance, c’est probablement le bon choix pour nous.

Et vous, quelles tendances déco vous agacent ? Avez-vous déjà succombé à une mode que vous regrettez ? Comme je le disais dans mon article sur les astuces IKEA, parfois les meilleures idées viennent de nos propres expérimentations, pas des magazines de déco…