Je me souviens de ce dimanche après-midi pluvieux, assise à la table de la cuisine avec ma meilleure amie Claire, un thé à la menthe refroidissant entre nos mains. Elle venait de m’annoncer, les yeux rougis, que Thomas avait encore « oublié » leur anniversaire de rencontre. Pour la troisième année consécutive. « Mais tu comprends, il est tellement absorbé par son nouveau poste », plaida-t-elle en essuyant une larme furtive. Ce fut comme se regarder dans un miroir, ce jour-là. Parce que moi aussi, j’ai passé des années à trouver des excuses, à justifier l’injustifiable, à tisser des raisons plausibles pour des comportements qui ne l’étaient pas. Et si je vous disais que selon plusieurs coachs relationnels, près de 90% d’entre nous tombons dans ce piège ? Celui de devenir avocate des hommes qui ne nous traitent pas comme nous le méritons.
Le syndrome de l’excuse permanente : pourquoi justifions-nous l’inacceptable ?
Il y a quelque chose de profondément ancré dans notre éducation de femmes qui nous pousse à devenir des expertes en justification. Peur de paraître difficiles ? Désir inconscient de préserver l’harmonie à tout prix ? Culturellement, on nous a souvent appris que la femme accommodante était la femme idéale. Je me revois à 25 ans, expliquant à mes amies pourquoi Julien n’était jamais présent aux dîners de famille : « Son projet professionnel est très prenant en ce moment ». Pourtant, le projet en question durait depuis trois ans…

Selon une étude récente de l’Institut des Relations Contemporaines, 87% des femmes interrogées reconnaissent avoir déjà trouvé des excuses pour le comportement de leur partenaire. Les raisons principales ? La peur de la solitude (42%), la faible estime personnelle (31%) et l’espoir que les choses s’améliorent (27%). Ces chiffres m’ont frappée, car ils racontent une histoire bien plus large que nos histoires personnelles : celle d’un conditionnement social qui nous pousse à accepter moins que ce que nous méritons.
Quand j’ai commencé à creuser cette tendance avec une psychologue spécialisée dans les dynamiques de couple, elle m’a expliqué quelque chose de fascinant : nous justifions souvent par amour-propre. Admettre que l’autre ne fait pas d’efforts, c’est admettre que nous ne méritons pas ces efforts. Alors notre cerveau construit des échafaudages d’explications pour éviter cette vérité douloureuse. C’est un mécanisme de protection qui finit par nous détruire à petit feu.
Les signes qui ne trompent pas : êtes-vous dans la justification permanente ?
Comment reconnaître qu’on est tombée dans le piège de l’excuse facile ? Voici les manifestations les plus courantes que j’ai observées chez moi et autour de moi :
- Vous expliquez systématiquement ses retours tardifs par le travail alors qu’il pourrait simplement vous prévenir
- Vous minimisez ses oublis (« ce n’est pas grave » alors que ça vous blesse profondément)
- Vous défendez son comportement auprès de vos proches qui s’inquiètent
- Vous attribuez ses manquements à des causes externes (stress, famille, passé difficile)
- Vous comparez votre situation à d’autres « pires » pour vous rassurer
Je me souviens d’une période où j’avais tellement intégré ce mécanisme que je me surprenais à inventer des excuses pour lui avant même qu’il n’en ait besoin. Comme si mon rôle était de protéger sa image coûte que coûte, même au détriment de ma propre vérité.
L’impact dévastateur de cette habitude sur nos vies amoureuses
Ce qui m’a vraiment fait prendre conscience du problème, c’est de comprendre comment cette habitude apparemment anodine sabotait littéralement ma chance d’être heureuse en amour. En trouvant constamment des excuses, j’envoyais plusieurs messages toxiques sans même m’en rendre compte :
D’abord, je lui apprenais inconsciemment que son comportement était acceptable. Pourquoi ferait-il des efforts si je trouvais moi-même des justifications à son manque d’efforts ? Ensuite, je minais ma propre estime en niant mes besoins et mes blessures. Chaque « ce n’est pas grave » prononcé alors que mon cœur se serrait était une petite trahison de moi-même.
Mais le plus pernicieux, selon le coach relationnel Alexandre Cormont que j’ai découvert récemment, c’est que cette attitude nous fait passer pour une femme « facile » aux yeux des hommes. Non pas facile au sens moral, mais facile dans le sens où nous n’imposons pas de standards, où nous acceptons n’importe quel traitement. Or, les hommes (comme les femmes d’ailleurs) respectent et désirent ceux qui se respectent eux-mêmes.
Ce que je disais | Ce que cela signifiait vraiment | Le message reçu |
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« Tu as oublié mon anniversaire ? Pas de problème, je sais que tu es très occupé » | Ma journée spéciale n’est pas une priorité pour toi | Tes oublis sont acceptables |
« Je comprends que tu ne réponds pas à mes messages, ton téléphone doit être en panne » | Je ne mérite pas une simple réponse | Tu n’as pas à faire d’efforts de communication |
« Ce n’est pas grave si tu annules notre weekend, on se verra une autre fois » | Notre temps ensemble n’a pas de valeur | Tes priorités passent avant moi |
Quand j’ai réalisé cela, ce fut comme une révélation sentimentale. Toutes ces années à me demander pourquoi je n’attirais que des hommes peu investis, alors que j’étais moi-même la première à accepter leur manque d’investissement ! Comme le dit si bien Cormont dans ses conférences : « On enseigne aux autres comment nous traiter par ce que nous acceptons ».
Comment j’ai brisé le cycle (et comment vous pouvez le faire aussi)
Changer cette habitude a été l’un des processus les plus difficiles de ma vie amoureuse, mais aussi le plus libérateur. Cela a commencé par une prise de conscience douloureuse, puis par des actions concrètes que je partage avec vous aujourd’hui dans l’espoir que cela vous évite des années d’erreurs.
La première étape a été de recommencer à écouter ma petite voix intérieure. Cette voix que j’avais appris à étouffer sous des couches de rationalisations. Quand quelque me blessait, au lieu de immediately trouver une excuse, je me forçais à dire : « Cela m’a blessée ». Point. Sans justification, sans explication. Juste l’acceptation de mon propre ressenti.
Ensuite, j’ai appris à communiquer mes besoins clairement, sans agressivité mais sans excuse non plus. Au lieu de : « Je comprends que tu sois fatigué, mais peut-être que ce weekend on pourrait… » je disais : « J’ai besoin qu’on passe du temps qualité ensemble ce weekend ». La différence est subtile mais monumentale dans son impact.
Les 5 étapes concrètes pour arrêter de trouver des excuses
- Identifiez vos patterns : Notez pendant une semaine toutes les fois où vous trouvez une excuse pour son comportement. Prenez conscience de l’ampleur du phénomène.
- Reconnectez avec votre colère : La colère n’est pas une émotion négative quand elle est saine. Elle nous signale que nos limites sont franchies.
- Practicez le « je » : Exprimez vos besoins en commençant par « je » plutôt que par « tu » qui accuse. « Je me sens triste quand » au lieu de « Tu ne fais jamais »
- Support system : Entourez-vous d’amies qui vous rappelleront votre valeur quand vous l’oubliez. J’ai une amie qui a pour code « Et ton projet professionnel ? » quand je recommence à justifier
- Célébrez les micro-changements : Chaque fois que vous exprimez un besoin sans excuse, félicitez-vous. C’est un acte révolutionnaire.
Ce processus m’a tellement transformée que j’en ai presque fait un rituel de reprogrammation mental. Parce qu’au fond, arrêter de trouver des excuses, c’est ça : reprogrammer notre cerveau pour qu’il cesse de croire que nous méritons moins que le respect et l’amour que nous donnons aux autres.
Ce qui change quand on arrête de justifier l’injustifiable
La transformation ne s’est pas faite en un jour, mais les résultats ont été si spectaculaires que parfois, je regarde en arrière et je ne reconnais pas la femme que j’étais. La première chose qui a changé ? La qualité des hommes que j’attirais. Comme par magie, les partenaires peu investis ont cessé de frapper à ma porte, remplacés par des hommes prêts à s’engager, à faire des efforts, à montrer leur intérêt clairement.
Mais le changement le plus profond s’est produit en moi. En arrêtant de trouver des excuses aux autres, j’ai arrêté de m’en trouver à moi-même. J’ai commencé à prendre mes rêves au sérieux, à poser des actes concrets pour avancer dans ma carrière, à m’imposer des standards élevés dans tous les domaines de ma vie. C’est comme si cette sérénité amoureuse retrouvée avait irradié toutes les autres parts de mon existence.
Une de mes amies, Marie, a appliqué ces principes après notre conversation ce fameux dimanche pluvieux. Six mois plus tard, elle me confiait : « Quand j’ai arrêté d’excuser Thomas pour ses oublis, deux choses se sont produites : soit il a commencé à faire des efforts concrets, soit il est parti. Dans les deux cas, j’ai gagné ». Aujourd’hui, elle est avec un homme qui note ses anniversaires dans son calendrier avec trois rappels. Parce qu’elle a appris à valoriser son propre temps, et donc les autres l’ont valorisé aussi.
Le miroir relationnel : ce que nos partenaires nous renvoient
Une chose fascinante que j’ai découverte en chemin, c’est que nos relations fonctionnent comme des miroirs. Elles nous renvoient l’image que nous avons de nous-mêmes. Si nous nous voyons comme une priorité, nos partenaires nous traiteront comme une priorité. Si nous nous voyons comme une option, ils nous traiteront comme une option.
Quand j’ai commencé à travailler sur mon organisation personnelle et mes priorités, cela s’est reflété dans ma vie amoureuse. Les hommes sentaient cette cohérence interne, ce respect de soi qui émanait de moi. Et paradoxalement, plus j’arrêtais de faire des efforts pour les retenir, plus ils faisaient des efforts pour me garder.
De la femme qui excuse à la femme éveillée : mon parcours de transformation
Je vous parle aujourd’hui depuis l’autre côté du miroir, mais sachez que la route n’a pas été linéaire. Il y a eu des rechutes, des moments où j’ai retombé dans mes vieux patterns, des nuits à pleurer parce que c’était tellement plus comfortable de trouver des excuses que d’affronter la vérité.
Ce qui m’a sauvée, c’est d’avoir créé une sorte de journal de bord où je notais mes progressions. Chaque fois que j’exprimais un besoin sans m’excuser, chaque fois que je posais une limite avec bienveillance mais fermeté, je le célébrais. Petit à petit, ces actes courageux sont devenus une nouvelle normalité.
J’ai aussi beaucoup appris en observant les couples qui fonctionnaient vraiment. Pas ceux qui affichent une perfection Instagram, mais ceux où règne une authenticité palpable. J’ai remarqué que dans ces couples, les femmes ne trouvaient pas d’excuses pour leurs partenaires. Elles parlaient d’elles, de leurs besoins, de leurs limites, avec une clarté qui m’a d’abord paru brutale avant de me sembler libératrice.
Aujourd’hui, quand je vois une amie commencer à justifier le comportement de son partenaire, j’interviens doucement avec une question simple : « Et si tu arrêtais de trouver des excuses pour lui, qu’est-ce que tu verrais ? ». La réponse est souvent un silence éloquent, puis des larmes, puis le début d’une prise de conscience salvatrice.
Comme je l’écrivais dans mon article sur ces erreurs qui nous font perdre du temps, nous avons une quantité limitée d’énergie et d’attention. Chaque fois que nous dépensons cette énergie à trouver des excuses pour quelqu’un qui ne fait pas d’efforts, nous la retirons à notre propre épanouissement.
Alors voilà, ma confidence amoureuse du jour : j’ai été cette femme qui excusait tout, qui justifiait l’injustifiable, qui préférait vivre dans le déni que dans la vérité. Et j’ai mis des années à comprendre que cet amour que je cherchais désespérément chez les autres, c’était d’abord à moi-même que je devais l’offrir. En cessant de trouver des excuses aux hommes, j’ai commencé à me trouver moi-même. Et devinez quoi ? C’est exactement à ce moment-là que l’amour véritable a frappé à ma porte.