Je me souviens de ce dimanche après-midi pluvieux où, pelotonnée dans mon canapé, je scrollais sans conviction sur les réseaux sociaux. Entre deux photos de brunchs avocados toasts et de séances de yoga, quelque chose d’autre a attiré mon œil : des intérieurs qui semblaient tout droit sortis d’un roman de Jane Austen. Des bouquets de fleurs séchées, des nappes en lin froissé, des étagères garnies de pots en grès… Le cottagecore était partout, et moi, j’étais là, dans mon appartement parisien aux murs blancs et aux meubles scandinaves, à ressentir une étrange nostalgie pour une vie que je n’avais jamais vécue.
Le cottagecore : bien plus qu’une tendance déco, un véritable art de vivre
Derrière les jolies images Instagram se cache une philosophie bien plus profonde qu’il n’y paraît. Le cottagecore n’est pas simplement une nouvelle façon d’arranger ses coussins ou de choisir sa vaisselle. C’est une réponse, presque une rébellion douce, contre le rythme effréné de nos vies modernes. Quand j’observe autour de moi, je vois bien comment cette esthétique champêtre répond à un besoin criant de ralentir, de se reconnecter à quelque chose de plus essentiel.
Les spécialistes le confirment : après des années de minimalisme et de décoration aseptisée, nous cherchons collectivement à réintroduire de l’âme dans nos intérieurs. Le cottagecore, avec son invitation à la lenteur et à l’authenticité, arrive à point nommé. Une amie me confiait récemment : « Chez moi, j’avais l’impression de vivre dans un catalogue IKEA. Tout était beau, mais rien ne me ressemblait. » Son passage au cottagecore s’est fait progressivement, en remplaçant les objets standardisés par des pièces uniques, chinées ou héritées.

Les racines insoupçonnées d’un mouvement apparemment éphémère
Ce qui m’a fascinée en creusant le sujet, c’est de découvrir que le cottagecore puise ses racines bien au-delà des réseaux sociaux. Le mouvement Arts and Crafts du XIXe siècle, avec son célèbre représentant William Morris, en est l’un des ancêtres spirituels. Morris militait déjà pour un retour à l’artisanat et aux motifs naturels, en réaction à l’industrialisation galopante. Comme un écho à travers les siècles, non ?
Aujourd’hui, des marques comme Ferm Living ou Anthropologie réinterprètent ces motifs floraux et ces ambiances champêtres avec une modernité qui parle à notre époque. Mais l’esprit reste le même : valoriser le fait main, l’unique, l’imparfait. Je me surprends souvent à errer dans les boutiques Sostrene Grene, où chaque objet semble raconter une histoire, loin de la production de masse.
Comment adopter le cottagecore sans vivre dans une maison de campagne ?
L’argument qui revient souvent quand je parle de cette tendance : « C’est facile pour ceux qui ont une grande maison à la campagne ! » Mais voilà, j’habite un 45m² en ville, et j’ai pourtant réussi à insuffler une dose de cottagecore dans mon quotidien. Le secret ? Piocher dans l’esthétique sans vouloir tout reproduire à l’identique.
Voici comment j’ai procédé, étape par étape :
- J’ai commencé par les textiles : remplacement des plaids synthétiques par des matières naturelles. Lin, coton, laine… Le simple fait de m’emmitoufler dans un plaid en laine véritable a changé mon rapport à mon intérieur
- J’ai introduit la végétation : des plantes vertes un peu partout, mais aussi des bouquets de fleurs séchées qui demandent moins d’entretien
- J’ai ressorti les objets hérités : la vieille théière de ma grand-mère, ces assiettes à motifs floraux que je cachais au fond du placard
- J’ai chiné quelques pièces uniques : une table de chevet en bois patiné chez Maison du Cèdre, des pots en céramique chez AM.PM
- J’ai joué avec les lumières : ampoules plus chaudes, bougies plutôt que l’éclairage direct
Les pièces maîtresses d’un intérieur cottagecore réussi
Après avoir observé de nombreux intérieurs et discuté avec des adeptes de ce style, j’ai identifié quelques éléments récurrents qui font toute la différence :
Élément | Pourquoi ça marche | Où le trouver |
---|---|---|
Mobilier en bois massif | Apporte chaleur et authenticité | Marchés aux puces, Maisons du Monde |
Textiles naturels | Crée du confort et de la texture | H&M Home, La Redoute Intérieurs |
Vaisselle ancienne | Raconte une histoire | Brocantes, Habitat |
Objets artisanaux | Cassee la perfection aseptisée | Marchés d’artisans, Sostrene Grene |
Le cottagecore face aux autres tendances déco : compatibilité ou contradiction ?
Ce qui m’intriguait, c’est de voir comment le cottagecore coexistait avec d’autres tendances fortes comme le minimalisme ou le Japandi. En apparence, tout les oppose : d’un côté l’accumulation chaleureuse, de l’autre l’épuration radicale. Pourtant, j’ai découvert que beaucoup mélangeaient les styles avec bonheur.
Une designer d’intérieur me expliquait récemment : « Le cottagecore moderne n’a rien à voir avec l’accumulation désordonnée. C’est une curation d’objets meaningfull, qui pourraient tout à fait s’inscrire dans une approche minimaliste consciente. » L’idée n’est pas d’entasser, mais de choisir avec soin chaque élément pour sa valeur affective ou esthétique.
Quiet luxury vs cottagecore : le match des tendances 2025
Si le cottagecore célèbre l’authenticité imparfaite, le quiet luxury mise sur l’élégance discrète et le luxe invisible. Deux philosophies a priori opposées, et pourtant… Je constate autour de moi une hybridation intéressante. Des matières nobles comme le lin ou la laine, communes aux deux styles, servent de pont entre ces univers.
Chez Anthropologie ou Ferm Living, on voit d’ailleurs de plus en plus de collections qui marient l’exigence qualitative du quiet luxury avec la chaleur du cottagecore. Preuve que les tendances ne s’annulent pas, mais se nourrissent les unes des autres pour créer des intérieurs plus personnels.
Les dérives potentielles du cottagecore : quand l’esthétique prend le pas sur l’authenticité
Comme toute tendance forte, le cottagecore n’échappe pas à certaines dérives. Ce qui m’inquiète parfois, c’est de voir l’essence même de ce mouvement être détournée au profit d’une simple esthétique Instagramable. Le vrai cottagecore, dans son esprit originel, c’est justement l’opposé du consumérisme effréné.
Je me souviens de cette amie qui a tout acheté neuf chez Maisons du Monde pour « faire cottagecore ». Le résultat était joli, certes, mais il manquait l’essentiel : cette patine du temps, ces imperfections qui racontent une histoire. Le véritable esprit cottagecore réside dans la slow déco : acquérir progressivement, chiner, customiser, hériter…
Comment éviter le piège du cottagecore « marketing » ?
Voici les conseils que j’ai glanés au fil de mes recherches pour adopter le cottagecore de façon authentique :
- Privilégier les objets de seconde main plutôt que les reproductions neuves
- Acquérir progressivement, en laissant le temps faire son œuvre
- Mélanger les époques et les styles pour éviter l’effet catalogue
- Se concentrer sur les matières et textures plutôt que sur les apparences
- Oser l’imperfection et les objets dépareillés
Le cottagecore au-delà de la déco : un art de vivre au quotidien
Ce qui fait la force du cottagecore, selon moi, c’est qu’il dépasse largement le cadre de la décoration intérieure. C’est une invitation à ralentir, à savourer les petits plaisirs simples : préparer un gâteau maison, lire un livre au coin du feu, entretenir ses plantes… Autant de gestes qui prennent une résonance particulière dans notre monde hyperconnecté.
Je me surprends depuis quelques mois à adopter des rituels qui auraient fait sourire l’Émilie d’il y a un an : faire sécher des fleurs, tricoter un plaid, cuisiner des confitures… Et contrairement à ce que je craignais, ces activités ne sont pas chronophages. Elles deviennent au contraire des parenthèses de sérénité dans des journées souvent bien remplies.
Des marques qui surfent sur la tendance lifestyle
L’engouement pour le cottagecore a naturellement inspiré de nombreuses marques au-delà de la simple décoration. H&M Home propose désormais des vêtements aux motifs champêtres, Ferm Living étend son univers à la papeterie et aux objets du quotidien, et même IKEA sort des collections inspirées par cet art de vivre.
Mais attention à ne pas se laisser embarquer dans une consommation effrénée qui irait à l’encontre des valeurs mêmes du cottagecore. L’idée n’est pas d’acheter tout un nouveau wardrobe, mais peut-être de customiser ses vêtements existants, d’apprendre à les réparer, de leur donner une seconde vie…
Le cottagecore est-il fait pour vous ? Questions à se poser avant de se lancer
Avant de tout chambouler dans votre intérieur, posez-vous les bonnes questions. Le cottagecore n’est pas une mode qu’on adopte sans réfléchir, c’est un choix qui engage votre quotidien. Voici quelques éléments pour vous aider à y voir plus clair :
Votre rapport à l’entretien : les matières naturelles demandent souvent plus de soin que les synthétiques. Êtes-vous prêt à accepter cela ?
Votre tolerance au désordre apparent : le cottagecore assume une certaine imperfection, loin de la rigueur minimaliste.
Votre budget : si chiner peut être économique, les pièces artisanales de qualité ont un coût.
Votre envie d’implication personnelle : le vrai cottagecore invite au fait-main et au customisation.
Qu’est-ce que le cottagecore exactement ?
Le cottagecore est un art de vivre inspiré par la campagne idéalisée, qui valorise la simplicité, l’artisanat et la connexion à la nature. Il se manifeste autant dans la décoration que dans les activités quotidiennes.
Le cottagecore est-il adapté aux petits espaces ?
Absolument ! L’important n’est pas la superficie, mais l’ambiance. On peut très bien créer un coin cottagecore dans un studio en choisissant soigneusement quelques éléments clés.
Faut-il tout acheter neuf pour adopter ce style ?
Au contraire ! L’esprit cottagecore privilégie la récupération, le chinage et les objets hérités. Les pièces neuves doivent être choisies avec parcimonie.
Le cottagecore est-il une tendance durable ou éphémère ?
Si l’expression « cottagecore » pourrait s’essouffler, les valeurs qu’elle porte – slow living, authenticité, retour au naturel – semblent s’inscrire dans la durée.
Comment éviter l’effet « trop chargé » ?
En maintenant une cohérence dans les couleurs et les matières, et en laissant respirer l’espace. Le secret est dans la curation plutôt que l’accumulation.