Je me souviens de ce moment, l’autre jour, où je suis tombée sur une publicité pour une marque qui promettait de « révolutionner notre dressing avec les must-have de 2024 ». J’ai regardé les modèles défiler, vêtus de pièces que j’avais déjà vues… et revues. Et c’est là que ça m’a frappée : certaines de ces tendances, on nous les présente comme des révélations, mais en réalité, elles nous transforment en clones fashion, à courir après des envies qui ne sont pas vraiment les nôtres. Aujourd’hui, j’ai besoin de vider mon sac. Parce que, franchement, il y a des tendances mode de 2024 que je déteste – et je ne suis pas sûre de vouloir les voir survivre à 2025.
Le retour du motif léopard : entre audace et uniformisation
Commençons par le motif léopard. Oh, je sais, on en parle partout. TikTok a ressuscité le « mob wife aesthetic », et soudain, tout le monde se rue sur les imprimés animaliers comme s’il s’agissait d’une révolution. Mais est-ce vraiment le cas ? Je me souviens d’une amie, Marie, qui a acheté un manteau léopard en pensant « être dans le coup ». Résultat ? Elle l’a porté deux fois avant de le ranger au fond de son placard. « Je me sentais déguisée », m’a-t-elle confié. Et je la comprends. Le problème avec le léopard, ce n’est pas qu’il soit laid – il peut être magnifique –, c’est qu’il est devenu un uniforme. On le voit partout : des manteaux aux accessoires, en passant par les chaussures. Cette surabondance tue la singularité. Quand tout le monde porte la même chose, l’audace initiale se transforme en conformisme.
Pire encore, cette tendance s’accompagne souvent d’une pression à « oser » – comme si ne pas aimer le léopard équivalait à un manque de courage. Mais la mode, ce n’est pas une obligation. C’est une expression de soi. Alors, pourquoi se forcer à adopter un motif qui ne nous ressemble pas ? D’autant que les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, les ventes de pièces léopard ont bondi de 15 % selon les données du secteur, mais combien de ces articles finiront dans des dressing sans jamais être portés ? Le tableau ci-dessous résume l’évolution de cette tendance depuis son retour en force.
Année | Part du léopard dans les ventes de prêt-à-porter | Perception des consommateurs |
---|---|---|
2022 | 5 % | Audacieux, niche |
2023 | 10 % | Tendance émergente |
2024 | 15 % | Mainstream, parfois perçu comme « trop » |
Alors, que faire ? Si vous aimez le léopard, portez-le, bien sûr ! Mais ne succombez pas à la pression sociale. Peut-être opter pour un accessoire discret – un sac ou un foulard – plutôt qu’un total look. L’idée, c’est de rester fidèle à soi-même. Parce qu’au final, la meilleure tendance, c’est encore celle qui nous fait nous sentir bien dans nos baskets – même si elles ne sont pas en léopard.
L’esthétique matelot : naufrage dans la nostalgie
Je dois avouer que celle-ci me laisse particulièrement perplexe. L’esthétique matelot, avec ses casquettes de capitaine, ses petits foulards et son bleu marine omniprésent, est présentée comme un retour glamour aux sources nautiques. Mais, entre nous, ça ne sent-il pas un peu le réchauffé ? Je me revois adolescente, dans les années 2000, quand cette tendance avait déjà connu son heure de gloire. La revoir aujourd’hui, quasi inchangée, me donne l’impression de feuilleter un vieux catalogue de mode. Où est l’innovation ? Où est la modernité ?
Le vrai problème, c’est que cette tendance fonctionne comme un pansement nostalgique. On se raccroche à un passé idéalisé – les vacances au bord de la mer, l’insouciance de l’enfance – pour éviter de regarder en face les défis du présent. En 2024, alors que le secteur textile doit composer avec des enjeux environnementaux croissants (saviez-vous que les catastrophes météorologiques menacent 65 milliards de dollars d’exportations d’ici 2030 ?), se réfugier dans le rétro peut sembler déconnecté. Bien sûr, il y a un confort dans le familier. Mais la mode ne devrait-elle pas aussi être un miroir de son époque ?
Et puis, il y a l’aspect pratique. Porter une casquette de capitaine en pleine ville, sous un soleil de plomb, n’est pas toujours des plus agréables. Sans parler des rayures horizontales, qui, avouons-le, ne flattent pas toutes les silhouettes. Voici quelques raisons pour lesquelles cette tendance me laisse sceptique :
- Manque d’originalité : C’est un recyclage pur et simple, sans réinterprétation contemporaine.
- Inadaptation au quotidien : Les pièces phares (comme les hauts à col marin) sont souvent trop costumées pour une utilisation régulière.
- Nostalgie excessive : Elle évacue les questionnements actuels sur la mode durable et responsable.
Je ne dis pas qu’il faut bannir le bleu marine ou les rayures. Mais peut-être pourrions-nous les intégrer avec plus de subtilité – un sweater rayé sous une veste oversize, par exemple – plutôt que de jouer les marins d’eau douce. Parce que la mode, quand elle devient un déguisement, perd de son essence même : nous raconter.
Les chaussures plates : entre confort et renoncement stylistique
On ne va pas se mentir : après des années de talons hauts et de sneakers surélevées, les chaussures plates ont été accueillies comme une libération. Ballerines, mocassins, derbies… Le confort est roi, et je suis la première à applaudir cette évolution. Mais là où le bât blesse, c’est quand cette tendance devient un prétexte à la uniformisation. Parce que, soyons honnêtes, toutes les chaussures plates ne se valent pas. Certaines, comme les ballerines en cuir souple, sont élégantes et intemporelles. D’autres, en revanche, ressemblent à des chaussons de maison qu’on aurait honte de porter devant des invités.
Le vrai danger, c’est que cette quête de confort se fasse au détriment de la personnalité. J’ai vu tant de tenues soignées gâchées par des chaussures trop basiques, sans âme. Comme si, en optant pour le plat, on renonçait à toute audace. Pire, certaines marques surfent sur la tendance en proposant des modèles low-cost, souvent de mauvaise qualité, qui finissent à la poubelle après quelques mois. Un non-sens à l’heure où la seconde main pèse 6 milliards d’euros en France.
Alors, comment porter des chaussures plates sans sombrer dans la médiocrité ? Voici mes conseils – non, mes convictions – sur le sujet :
- Privilégiez la qualité : Mieux vaut une paire de derbies en cuir full grain à 150 € qui dure cinq ans que trois paires à 50 € qui s’usent en six mois.
- Jouez avec les détails : Des boucles, des broderies, ou des matériaux originaux (comme le velours) peuvent transformer une chaussure plate en pièce statement.
- Assumez le vintage : Les friperies regorgent de pépites uniques – une façon de sortir des sentiers battus tout en restant écolo.
Parce qu’au fond, le confort ne devrait pas être synonyme de renoncement. Il peut coexister avec le style, l’originalité, et même… la beauté. Et si, en 2025, on apprenait simplement à mieux choisir ?
Le rouge écarlate : couleur passion ou effet de meute ?
Ah, le rouge écarlate… Couleur de la passion, de la révolte, de la vie. En 2024, il est partout : sur les podiums, dans les magazines, et même dans nos dressings. Les chiffres le confirment : les ventes de vêtements rouge vif ont augmenté de 8 % cette année. Mais à force de le voir, cette couleur si puissante ne risque-t-elle pas de perdre de sa magie ? C’est la question que je me pose chaque fois que j’aperçois une nouvelle veste écarlate dans la vitrine d’une enseigne fast-fashion.
Le problème, c’est que le rouge écarlate est devenu une couleur « safe » – un must-have que tout le monde s’arrache sans vraiment réfléchir à ce qu’il représente. Or, le rouge n’est pas une couleur comme les autres. Il attire le regard, il impose une présence. Le porter, c’est faire un statement. Mais quand ce statement est répété en boucle par des millions de personnes, devient-il autre chose qu’un bruit de fond ? Je repense à cette citation de Coco Chanel : « La mode se démode, le style jamais ». Le rouge écarlate, en tant que tendance, finira par passer. Mais le rouge, en tant que choix personnel, peut rester éternel.
D’ailleurs, saviez-vous que cette surutilisation pose aussi des problèmes environnementaux ? Les teintures rouges sont parmi les plus polluantes, et leur production massive alourdit l’impact écologique de l’industrie textile. Alors, que faire si on aime le rouge ? Voici quelques alternatives pour l’intégrer avec sensibilité :
- Opter pour des accessoires : Un sac, des boucles d’oreilles ou un foulard rouge apportent une touche de couleur sans l’effet « tête-à-claques ».
- Choisir des matières durables : Privilégiez les marques qui utilisent des teintures naturelles ou low-impact.
- Mixer les tonalités : Un bordeaux ou un rouge orangé peut être tout aussi percutant, mais plus original.
Finalement, ce que je déteste, ce n’est pas le rouge écarlate en lui-même – c’est la façon dont on nous incite à le consommer, sans nuance, sans réflexion. Comme si la mode était une course, et non un langage.
La transparence : entre audace et inconfort
Je dois l’admettre : les jupes transparentes et les tops diaphanes me mettent mal à l’aise. Pas par puritanisme – loin de là –, mais parce qu’elles soulèvent des questions plus profondes sur le consentement et le regard des autres. En 2024, la transparente est présentée comme un symbole de libération, un héritage du glamour old Hollywood. Mais dans la rue, au bureau, ou même en soirée, porter un vêtement transparent, c’est s’exposer à des jugements constants. Et ça, ce n’est pas toujours évident à vivre.
Je me souviens d’une discussion avec une collègue, Lucie, qui avait osé une blouse transparente pour une réunion importante. « J’ai passé ma journée à ajuster mon haut, à me demander si on me regardait pour les bonnes raisons », m’a-t-elle confié. Son expérience résume bien le paradoxe de cette tendance : elle promet la confiance, mais peut générer l’inverse. Sans compter que tous les corps ne sont pas égaux face à la transparence. Les normes sociales pèsent plus lourdement sur certaines silhouettes, créant une inégalité sournoise.
Pourtant, je comprends l’attrait de cette esthétique. Elle joue avec la suggestion, la légèreté, la fragilité. Mais peut-être pourrait-on l’aborder avec plus de subtilité ? Par exemple, en superposant des matières – une robe transparente sur un slip dress – pour contrôler le niveau de révélation. Ou en réservant ces pièces à des contextes où l’on se sent vraiment en sécurité. Le tableau ci-dessous compare les contextes d’usage perçus comme « acceptables » ou non pour la transparence vestimentaire.
Contexte | Acceptation sociale | Raisons évoquées |
---|---|---|
Soirée privée | Élevée | Ambiance conviviale, choix personnel |
Lieu de travail | Faible | Professionalisme, risques de discrimination |
Espace public | Variable | Regards intrusifs, insécurité |
Au fond, ce que je reproche à cette tendance, c’est son manque de nuances. La mode devrait nous aider à nous sentir puissants, pas vulnérables. Et si, en 2025, on apprenait à doser la transparence selon nos envies, et non selon les diktats des magazines ?
Le denim total : le Canadian tuxedo, un retour qui questionne
Le « Canadian tuxedo », ou total look denim, est de retour. Jeans, veste, et même accessoires en jean : tout est bon pour se fondre dans une mer de bleu. Sur le papier, ça a un côté cool, décontracté, presque rebelle. Mais dans la réalité, ça ressemble souvent à un uniforme de travailleur manuel qui se serait trompé de siècle. Je ne sais pas pour vous, mais moi, voir débarquer cette tendance des années 90 sans aucune mise à jour, ça me laisse perplexe.
D’abord, il y a la question du confort. Porter du denim sur du denim, c’est l’assurance d’être raide comme un piquet après quelques heures. Ensuite, il y a l’aspect esthétique. À moins d’avoir le charisme naturel de Jane Birkin, le total look denim peut vite donner l’impression d’avoir enfilé la première chose qui nous tombait sous la main. Pire, cette tendance ignore allègrement les progrès en matière de denim durable. Saviez-vous que la production de jean est l’une des plus gourmandes en eau ? Alors, en faire un étendard de la mode 2024, n’est-ce pas un peu contradictoire avec les discours écolos du secteur ?
Je ne suis pas contre le denim – j’adore mon jean taille haute, usé aux genoux, qui a vécu mille vies avec moi. Mais le porter de la tête aux pieds, c’est autre chose. Voici pourquoi, selon moi, cette tendance mériterait une rethink :
- Manque de polyvalence : Difficile d’adapter le total look denim à des occasions variées (boulot, dîner, etc.).
- Impact environnemental : La surconsommation de denim va à l’encontre des efforts pour une mode plus responsable.
- Effet « déjà-vu » : C’est un recyclage pur et simple, sans créativité.
Et si, au lieu de suivre bêtement cette tendance, on apprenait à mixer le denim avec d’autres matières ? Une veste en jean sur une robe fluide, par exemple, ou un jean brut avec un pull en cachemire. Histoire de garder l’esprit denim… sans se prendre pour un cowboy en rupture de ban.
Les années 90 : nostalgie ou frein à la créativité ?
Les années 90 sont partout. Crop tops, jeans taille haute, vestes en jean oversize… On dirait que la mode a décidé de faire une fixation sur cette décennie, comme si elle détenait la clé du style parfait. Mais en tant qu’enfant des années 90 (oui, je donne mon âge), je trouve ce retour en arrière à la fois attendrissant et… un peu triste. Parce que, soyons honnêtes, la mode des années 90, ce n’était pas que des looks géniaux. C’était aussi des erreurs – des pantalons à pattes d’eph’ trop larges, des imprimés fluo qui faisaient mal aux yeux – qu’on aurait peut-être préféré oublier.
Le vrai problème, c’est que cette nostalgie permanente empêche l’émergence de nouvelles esthétiques. Au lieu d’inventer, on recycle. Au lieu de se projeter, on regarde dans le rétroviseur. Et ça, dans un monde qui change à toute vitesse (avec l’IA qui révolutionne le design, par exemple), ça pose question. Les spécialistes le disent : 73 % des dirigeants de la mode considèrent l’IA comme prioritaire, mais seulement 5 % maîtrisent ses applications. Et si, au lieu de ressasser les années 90, on investissait dans l’innovation ?
Je ne rejette pas en bloc toutes les tendances rétro. Certaines pièces, comme un bon blazer oversize, sont intemporelles. Mais il faut savoir trier. Voici ma grille de lecture personnelle pour adopter (ou non) les retours des années 90 :
- Questionner l’authenticité : Cette pièce me ressemble-t-elle, ou est-ce juste un effet de mode ?
- Évaluer la modernité : A-t-elle été réinterprétée avec des coupes ou matières contemporaines ?
- Vérifier la durabilité : Est-ce un achat coup de cœur ou un gadget qui finira au fond du placard ?
Parce que la mode, ce n’est pas une machine à remonter le temps. C’est un dialogue entre le passé, le présent… et ce qu’on rêve de demain.
Le micro-short : entre libération et objetification
Dernière tendance sur ma liste (mais pas des moindres) : le micro-short. Cet été 2024, il était incontournable. Porté avec des tops légers, il devait incarner la liberté, la légèreté, l’insouciance. Mais pour qui, exactement ? Parce que, pour beaucoup de femmes, le micro-short rime avec inconfort, regards appuyés, et pression à correspondre à des standards de beauté irréalistes. Je me souviens d’une amie, Sarah, qui a essayé d’en porter un lors d’un picnic. « J’ai passé mon temps à tirer sur le tissu, à me demander si j’avais l’air « bien » », m’a-t-elle raconté. Son histoire m’a frappée : comment une pièce sensée être libératrice peut-elle devenir source de stress ?
Le problème du micro-short, c’est qu’il s’inscrit dans une longue tradition de sexualisation du corps féminin. Bien sûr, il peut être porté avec fierté par celles qui se sentent à l’aise. Mais quand il est présenté comme un must-have sans alternative, il exclut toutes celles qui ne se reconnaissent pas dans cette image. Sans parler des contextes où il est tout simplement inadapté – au travail, dans les transports… La mode devrait être inclusive, pas normative.
Alors, que faire si on a envie de fraîcheur sans tomber dans le piège du micro-short ? Voici quelques idées pour un été stylé et serein :
- Opter pour une robe courte fluide : Elle offre une liberté de mouvement sans exposition excessive.
- Choisir un short cycliste : Plus couvrant, mais tout aussi confortable et tendance.
- Jouer avec les matières : Un short en lin ou en coton bio, plus long, peut être ultra-élégant.
Au final, ce que je déteste, ce n’est pas le micro-short en soi – c’est l’idée qu’on doive forcément suivre cette tendance pour être « dans le vent ». La vraie mode, celle qui compte, c’est celle qui nous permet de nous sentir nous-mêmes, libres… et bien dans notre peau, quelle que soit sa longueur.